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Consommé dans certaines régions du monde depuis 2000 ans, le soja envahit nos rayons depuis les années 1990. Objet d’un véritable engouement, il est aussi sujet aux critiques, souvent infondées. Cet article est l’occasion de faire le point sur le vrai et le faux.
Petite histoire du soja
Le soja provient d’Asie où sa culture s’est longtemps cantonnée en Chine. En Indonésie, on le consomme depuis 2000 ans et il est encore présent dans un nombre très varié de préparations culinaires.
Le soja, appelé aussi pois chinois ou haricot, fait partie de la famille des Fanacées, comme la plupart des légumineuses. Mais la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) le classe parmi les oléagineux.
Il apparait en Europe à la fin du XIXe siècle avec le pain au soja destiné aux diabétiques. Un peu plus tard, la Caséo-Sojaïne commercialise des préparations infantiles.
Les controverses
Le soja contient des isoflavones (ou phytoœstrogènes). Il est donc accusé d’augmenter les risques de cancer du sein chez la femme et de diminuer la production de testostérone chez l’homme.
Or, au Japon, les femmes qui sont de grandes consommatrices de soja ont 5 à 8 fois moins de cancers du sein que les Occidentales !
Une étude a au contraire démontré les bienfaits du soja fermenté pour lutter contre le cancer du sein. En effet, les Japonaises qui se sont prêtées à l’étude consomment essentiellement du miso, du tempeh, de la sauce soyu (ou tamari).
Les isoflavones contenues dans le soja sont assez semblables aux œstrogènes humains. Grâce à leur faible activité hormonale elles sont utiles pour les femmes ménopausées. En effet, elles sont mieux tolérées que les hormones de synthèse, elles n’ont pas d’effet secondaire et préservent le capital osseux. Or, l’on sait que la période de la ménopause est propice à l’ostéoporose due à une déminéralisation des os.
Quant aux hommes, ils ont peur de perdre leur virilité en consommant du soja. La diminution de la production de testostérone entrainerait une baisse de la fertilité, une libido en berne et un amoindrissement de la masse musculaire au profit de la masse graisseuse. Rassurez-vous messieurs, il n’en est rien. Des études cliniques ont démontré que la consommation de soja n’a aucune incidence sur le taux de testostérone.
Les bienfaits du soja
À présent que les doutes sont levés, voyons pourquoi il est intéressant de consommer du soja. Les pays industrialisés consomment trop de viande, ce qui est néfaste pour la santé et l’environnement.
Le ratio de protéines animales et protéines végétales devrait être de 50/50. Mais il est encore de 70/30 au profit des protéines animales.
Pour vous convaincre, sachez que le soja est plus riche en protéines que le bœuf (35 g/100 g contre 26 g/100 g). Les protéines maintiennent les tissus osseux, musculaires et les cellules épidermiques en bonne santé. Le soja ne contient pas de cholestérol, ni d’acides gras saturés. En revanche, il contient des fibres contrairement à la viande.
Outre sa richesse en protéines, il est contient beaucoup de vitamines et de minéraux dont le zinc, le fer et le calcium. Ce dernier contribue à la formation et au maintien en bonne santé des os et des dents. Il joue également un rôle prépondérant dans la coagulation du sang, la régulation de la pression sanguine et la contraction des muscles, dont le cœur. Enfin, contrairement aux publicités qui vantent les mérites des produits laitiers, ceux-ci ne sont pas la meilleure source de calcium, loin de là.
Les acides gras essentiels (AGE) qu’il contient sont indispensables à l’organisme qui ne sait pas les fabriquer. Ils participent à la structure des cellules nerveuses et permettent de lutter contre l’excès de cholestérol.
Le fer est essentiel à la formation des globules rouges dans le sang et au transport de l’oxygène. Il entre aussi dans la fabrication de nouvelles cellules, hormones et neurotransmetteurs. Comme l’organisme assimile moins bien le fer des végétaux que le fer d’origine animale, l’ajout de vitamine C permet de contourner ce handicap.
Enfin, le soja préserve les systèmes cardiovasculaire et immunitaire.
Les questions environnementales
OGM et pesticides
Cependant, tout n’est pas rose au pays du soja. La production mondiale est génétiquement modifiée à hauteur de 77% et 93% des semences transgéniques vendues aux États-Unis proviennent de du géant Monsanto. Ce dernier est encore plus puissant depuis qu’il s’est allié au géant allemand Bayer en juin 2018. Précisons que Bayer était classée en 2016 dans le Top 100 des pires pollueurs atmosphériques.
Un OGM pose de graves problèmes environnementaux : il nécessite l’emploi d’engrais, entrainant la pollution des terres et des rivières. L’utilisation massive de pesticides provoque un déséquilibre de l’écosystème et menace la survie de la faune terrestre et aquatique.
Mais il menace aussi la santé des cultivateurs et des populations environnantes où les cas de cancers se multiplient. Le Huffington Post a ainsi révélé que Monsanto a été reconnu coupable et condamné à payer 81 millions de dollars à un Américain souffrant d’un cancer.
Tourteaux de soja
Le Brésil, deuxième producteur de soja derrière les États-Unis, utilisent également des OGM et participe grandement à la destruction de la forêt amazonienne.
Si l’Union européenne se targue d’être la première consommatrice de soja non transgénique, il n’y a pas de quoi pavoiser. Elle est en effet la principale importatrice de soja transgénique provenant d’Amérique Latine. L’image de vaches broutant une herbe bien verte en été et du fourrage en hiver a du plomb dans l’aile. Le bétail des pays riches est nourri en majeure partie par des tourteaux de soja en provenance du Brésil. Pensez-y lorsque vous aurez envie d’un steak. En outre, aux problèmes écologiques cités plus haut il convient d’ajouter les émissions de CO² pour le transport des tourteaux de soja.
Huile de soja
Chaque année on produit 30 millions de tonnes d’huile de soja. Cette production nécessite un processus industriel lourd et l’utilisation d’hexane, un solvant chimique. L’hexane provient de la distillation du pétrole ou du gaz et correspond à un mélange d’hydrocarbures. On utilise l’hexane pour l’extraction des huiles d’oléagineux (graines de soja, graines de carthame, graines de coton) mais aussi comme solvant pour le dégraissage ou le nettoyage dans l’industrie. On le retrouve aussi dans la fabrication du caoutchouc synthétique, les peintures, etc… Là, forcément ça fait moins envie.
Vous l’avez compris, l’huile de soja est à prohiber, d’autant qu’il en existe d’autres, bien meilleures pour la santé.
Comment choisir son soja
En France, la culture du soja transgénique est interdite. Le sud-ouest est une importante région de production de soja bio. Il n’y a donc aucune raison de se priver des bienfaits de cette légumineuse.
On trouve aujourd’hui du soja sous de multiples formes : tofu, tofu soyeux (pour les potages et la pâtisserie), tofu fermenté, tempeh, sauce tamari, protéines de soja texturé. Pour les personnes intolérantes au lactose et les véganes, il existe des boissons végétales et des yaourts qui permettent de faire le plein de calcium.
Méfiez-vous du tofu vendu en grande surface, il est compact, caoutchouteux et vraiment pas bon. Préférez les magasins bio où il est tendre et fondant dans la bouche. Évitez également les plats préparés tels que steaks végétaux, émincés façon poulet, etc… Malgré leur discours vertueux, ils restent des produits industriels et transformés. Et ils ne contribuent malheureusement pas à la réduction des emballages.
Le soja se cuisine chaud ou froid dans des salades. Il remplace avantageusement la viande dans les recettes traditionnelles, les bolognaises et les pizzas. On peut le faire poêler, frire, le cuisiner au wok ou composer des brochettes pour le barbecue. Il se prête merveilleusement à la cuisine exotique à base de curry, lait de coco, gingembre, etc…
Conclusion
Consommer des protéines est essentiel. Mais, contrairement aux idées reçues, les végétaux en contiennent également, parfois plus que la viande rouge.
Pour préserver votre santé et celle de la planète, remplacez la viande plusieurs fois par semaine par des légumineuses (soja, lentilles, etc…).
Point non négligeable : la note de vos courses s’en trouvera allégée.